top of page

Comment je suis devenue modèle en Inde

Dernière mise à jour : 7 avr. 2023

- Introduction : « Vous devriez songer à faire du mannequinat, les Asiatiques sont friands des physiques étrangers ».

- Paragraphe : Je lève les yeux de mon bouquin et pique un fard : oui, oui, c’est bien à moi que l’on s’adresse. Interloquée, je sirote alors mon café latte pendant que des clichés du genre « je n’ai pas une taille mannequin, je suis trop timide, et bla bla bla » tournent en bouclent dans ma tête.

- Conclusion : « Moi, mannequin ? Même pas en rêve ! ».

Adrisya Art Jewelery

Une semaine plus tard, je mets les pieds dans un gigantesque appartement couvert de marbre du sol au plafond avec une magnifique vue à 360° sur la ville de Pune et ses montagnes au loin. Shabnam, la designeuse de la marque de bijoux pour laquelle je fais un essai aujourd’hui, m’accueille avec un sourire chaleureux et m’amène dans une chambre immense remplie de vêtements et d'accessoires en tous genres. Une fraction de seconde, j’ai le sentiment d’être Carry Bradshaw, l’héroïne de Sex and the City, face à sa garde-robe. On me maquille, me coiffe et m’habille, tout ça prend des plombs, puis j’attends, longtemps… J’en ai marre ! Je décide d’aller me faufiler dans la salle de shooting ; cette dernière est toute petite comparée aux autres pièces de l’appartement. « Next ! ». Une métisse avec de grands yeux de chat rentre en scène. Très à l’aise, elle passe d’une pose à l’autre avec tellement de grâce, elle est envoûtante. J’ai la désagréable sensation d’être en plein désert, éclairée par dix phares de voitures en même temps. J’ai chaud, la lumière des projecteurs m’éblouit et j’ai du mal à les comprendre tous avec leurs différents accents indiens à couper au couteau ! Pendant que l’assistante de Shabnam fait de la charpie avec mes oreilles (je change de boucles d’oreilles toutes les deux minutes en moyenne), Mariya et Vivek, les photographes, prennent le temps de me guider, de me prodiguer des conseils, de faire des blagues… Ils sont super et grâce à eux je me détends, j’oserai même dire que c’est presque agréable de poser pour eux alors qu'être sous les feux de la rampe, ça n’a jamais été mon truc ! Bilan de la journée : je n’ai rien avalé, j’ai à peine bu, j’ai passé ma vie à attendre, j’ai fait trente mille retouches maquillage/coiffure entre deux shoots... Mais le pire, c’est l’état de mes oreilles : on m’a TOUT fait essayer ! Des petites boucles d’oreilles, des grandes, des « oh ! Elles sont coincées dans ton lobe », des super-lourdes que tes mains tiennent jusqu’à la dernière seconde parce que les porter est une véritable torture … Et pour couronner le tout, je galère à trouver un rickshaw (tuk tuk indien) pour rentrer chez moi : je suis lessivée !


« Hello Clem, tu es dispo pour un nouveau shooting ? Cette fois-ci, tu seras mon unique modèle ». J’hésite, je ne me sens pas à l’aise dans ce rôle qui n’est pas le mien, puis j’accepte parce que c’est une nouvelle occasion d’apprendre des choses et de rencontrer des gens intéressants. Si mon premier photoshoot était déjà une épreuve en soi, mon second est pire ! Seul modèle du jour, tous les yeux et l’attention sont sur moi, pendant des heures : tout ce que j’aime. Telle une Barbie que l’on habille et déshabille, maquille et démaquille, coiffe et décoiffe, je n’ai aucun répit et me laisse porter selon les désidératas de l’équipe du jour. Gagan, la photographe, a une manière complètement différente de travailler comparée à ceux de mon précédent shoot ; hyper cool, elle n’est pas du tout directive et s’attend à ce que je pose instinctivement comme Kate Moss… Je ne supporte plus de me faire griller la rétine par toutes ces sources lumineuses et le maquillage que l’on m’a appliqué sur les paupières me démange. Récemment opérés de la myopie, c’en est trop pour mes yeux. Résultat : j’ai pleuré pendant toute la durée du shooting. Quant à mes lobes d’oreilles… C’est un supplice ! C’est comme si on les utilisait pour allumer un barbecue ! J’ai tellement mal que je finis par ne plus être sensible à la douleur, mais bon " The show must go on ! ".

C'est moi ça ??! Les photos que l'on me montre sont très belles et il est impossible à déceler que la séance photo d'aujourd'hui a été difficile pour moi. L'équipe a vraiment géré, je suis bluffée ! Bilan de la journée numéro deux : Assoiffée, affamée, aveuglée et les lobes d’oreilles encore fumants, je me jette sur mon lit et m’endors aussi sec.

Pour conclure : Que l’on se sente à l’aise ou pas face à une caméra, je pense que ce genre d’expérience est un bon exercice car cela t’oblige à travailler sur toi, ta posture, ton positionnement dans l’espace, ta confiance en toi, ta créativité... J’ai aussi rencontré des gens formidables et c’était enrichissant de travailler en équipe de cette façon-là, pour autant, je tire un trait sur le mannequinat ! Attends, mon téléphone sonne : « Namaste Clémence, untel m’a donné ton contact. Tu es partante pour un shooting la semaine prochaine ? ». J’hésite, puis j’accepte ce nouveau défi. C'est parti pour de nouvelles més-aventures !

Crédit photos : Adrisya Art Jewelery, Palmonas jewellery, Sushant Bhilare Photography, Urban Sage.

0 commentaire

Posts récents

Voir tout
A propos
Contact
Blog
bottom of page